Moniomania
Princesse fragile - doc 64 - presse

 

jazzman avril 2002

 

Le Monde avril 2002

 

MONIOMANIA
Princesse Fragile
****

Deux ans qu’ils écument tous les lieux alternatifs de la capitale et d’autres contrées bien famées. La musique du sextette de Christophe Monniot sort enfin au grand jour. Un bazar hétéroclite qui a dû laisser perplexe nombre de producteurs familiers de formats plus conventionnels. Non que l’instrumentation étonne (trombone, sax, violoncelle, guitare, claviers, percussions), encore qu’ils s’amusent tous à brouiller les pistes : le saxophone délaissé pour le violon ou un cornet ; la batterie pour un porte-voix ; le piano pour des séquences improbables… C’est davantage le rassemblement de joyeux sauvageons qui décape (Ornette Coleman, comme Desafinado ou un Twist…) : les compagnons de virées noctambules de Monniot, le « bat’leur » Denis Charolles – son complice de la Campagnie des Musiques à Ouîr – , le guitariste Manu Codjia, le pianiste Emil Spanyi, le violoncelliste Atshushi Sakaî et au trombone, soit Georgui Kornazov, soit Daniel Zimmermann. Pour une large part, ses condisciples du Conservatoire, un CNSM décidément lieu d’éclosion et de non-standardisation. « Princesse Fragile » présente douze moments de la vie du sextette, pris en studio et plus souvent en concert, entre juin 2000 et décembre 2001. Indisciplinée, impatiente, impolie, la musique y bruit de mille flammèches. Vivante, vibrante, vivifiante, incorrigiblement zappeuse. Une fraîcheur turbulente et « zézayant ». Un geste discographique,, un bras d’honneur aux conventions du raisonnable : il y a là comme une philosophie de la musique, la vie qui s’esclaffe.

Alex Dutilh
1CD Quoi de Neuf Docteur DOC 064 – Distribué par Night &Day.Prix indicatif non communiqué

 

MONIOMANIA
Princesse Fragile

Parmi les musiciens, aptes à régénérer la scène du jazz et des musiques improvisées en France, le saxophoniste Christophe Monniot occupe depuis quelques temps une place de choix. En particulier avec son sextet Moniomania, dans une parenté improbable avec les superpositions rythmiques, mélodiques et la capacité à accaparer les genres explorés par Frank Zappa. L’écriture de Monniot est faite de rebondissements et de fausses pistes qui appellent la virtuosité d’interprétation. Ce qui ne se révèle ni étouffant pour les musiciens – le batteur et « bruitiste » Denis Charolles, le pianiste Emil Spanyi font des merveilles – ni conçu pour simplement épater. Sans se perdre, Moniomania va dans tous les sens en un ensemble idéalement ludique et vif.

Sylvain Siclier

1 CD Quoi de Neuf Docteur / Night & Day

Jazznotes janvier 2002

Monio Mania. « Princesse Fragile »
Quoi de Neuf Docteur 064.
Enr. : janvier à décembre 2001. Dur. : 47'09".
Attention, Christophe Monniot débarque.
Une série d'enregistrements effectués dans différents lieux où notre amuseur se contorsionne dans des airs jubilatoires qui dénotent une recherche iconoclaste où l'humour décapant fait rage. En fait, une princesse fragile et une pomme japonaise font la promenade du rat musqué
et le scandale provoque l'art lyrique ou l'art relique. Sans commentaire, n'est-ce pas ? Conseillé aux amateurs de scandales et sornettes en décalage d'oreilles.

Télérama 6 au 12 juillet 2002
Jazz magazine mars 2002

CD Quoi de Neuf Docteur DOC 064 DDD – Distr. Night & Day

Christophe Monniot, saxophoniste, est un des plus intéressants musiciens sortis de la classe de jazz du Conservatoire national de Paris. Daniel Humair l’a fait connaître dans son Baby Boom, en même temps que le guitariste Manu Codjia. Ces deux jeunes virtuoses se retrouvent – avec Denis Charolles aux percussions, Emil Spanyi aux claviers, Atshushi Sakai au violoncelle, les trombonistes Gueorgui Kornazov et Daniel Zimmermann – dans le bien nommé Moniomania.
Si on ne savait rien de Frank Zappa, on aurait le sentiment d’avoir affaire, avec Princesse Fragile, à un disque renversant.
Cette influence reconnue (avec quelques autres, dont Dutilleux et Stravinsky, Lubat et Ornette Coleman), on n’en reste pas moins étonné par ce déferlement de poésie humoristique, qui donne à cette musique des allures de BD.
Ainsi, dans Promenade du rat musqué, qui s’apparente à de la musique descriptive, on croit voir un trombone poursuivi par des insectes. Mais l’arrivée joyeuse des saxophones change tout, on danse la gigue (souvenir de Carla Bley) et la guitare lance des glissades pour ouvrir sur un solo de piano trépidant. Seul, au final, Drame en baisse II se décide à séduire par la simple beauté du son.

Michel Contat

 

MONIOMANIA
Princesse Fragile (Quoi de Neuf Docteur ? DOC 064 / Night & Day)
Dans les chorales catho il y avait jadis, omniprésents, des « Enfants de Marie » ! En ce début de XXIème siècle ce sont des « Enfants de Jeanneau » qu’on rencontre dans beaucoup de concerts et d’enregistrements de jazz « vif »… François Jeanneau, professeur titulaire, jusqu’à l’année dernière, de la classe jazz au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, a formé toute une génération de musiciens surprenants. Instrumentistes de haut vol ; Solistes brillants, véloces et tous terrains. Compositeurs originaux. Ouverts. Créatifs. Iconoclastes et turbulents parfois. Plusieurs de ces jeunes gens (Manu Codjia joue actuellement dans plus d’une dizaine de formations !, Emil Spanyi, Hongrois de Paris est un maître de l’informatique musicale…) forment le noyau dur de ce Moniomania (groupe à ne surtout pas confondre, même si certains sont communs, avec la Compagnie des Musiques à Ouir) : un mélange étonnant de rigueur et de folie, de sophistication et de liberté. Climats variés : d’Hendrix au hard-bop en passant par l’électronique, le funk, les délires free (toujours « under control ») et bien d’autres choses. Le tout insolite, renversant, riche (parfois trop…). Vitalité, joie de jouer : le premier cd de Moniomania est jubilatoire.

Pierre-Henri Ardonceau

Improjazz juin 2002
Paunet.net juillet 2002

Anatomie d'un disque de et avec Christophe Monniot
Rencontre le 02 mai avec le saxophoniste Christophe Monniot à l'occasion de la sortie du disque du groupe Moniomania, « Princesse fragile ».

Moniomania existe depuis trois ans. Il est né au CNSM ( Conservatoire national supérieur de musique de Paris). J'y ai rencontré des gens qui n'étaient pas forcément les plus proches de moi.
C'est une espèce d'ouverture acoustique de l'orchestre. J'amène l'écriture, mais il peut arriver beaucoup de choses dans le cadre des concerts, c'est peu formaté, c'est peu prévisible malgré l'écriture. Cela se situe ailleurs par rapport à ce qu'on a l'habitude d'entendre sur un disque. Comme il y a plusieurs étrangers dans ce groupe, des pays de l'Est, du Japon, c'est un orchestre un peu nomade. On a voulu traduire cela de cette façon-là. La pochette a été faite par un cinéaste, un vidéaste, Jean-Marc Chapoulie qui a traité l'image de façon très cinématographique, juste en écoutant la musique.
C'est lui qui m'a proposé de nous inscrire au Concours de La Défense. Nous y sommes allés, nous avons fait un concert totalement improvisé, et j'ai eu le prix. Atsushi Sakaï était dans la catégorie musique classique/orchestre, il jouait du Dutilleux, du Ligeti. Nous étions au niveau 2, lui au + 7. C'est ainsi que nous nous sommes connus. C'est aussi notre intérêt commun pour Omette Coleman qui nous a réunis. Ce groupe, c'est une utopie. Aujourd'hui, je pense qu'il n'est plus question qu'il y ait un nouveau génie qui sorte sans bouillir et qui écrive l'oeuvre qui fera la controverse du XXIe siècle. Par contre, dans telle ou telle réunion de gens improbables peut sortir un son qui, s'il se façonne dans le temps. . . De ce groupe est sorti un son qui n'est pas vraiment définissable. C'est à moitié électrique, à moitié free sans vraiment l'être, free cassé. . . Ce groupe tient le coup malgré tous les problèmes qu'il peut avoir. Il y a un sans-papier dans le groupe. Les gens ont voté, mal voté le 21 avril, un musicien du groupe peut être raccompagné à la frontière d'un jour à l'autre. On a traversé une première période ensemble, ce qui nous a donné certaines racines communes dans la pédagogie du Conservatoire. Emil Spanyi venait d'arriver de Hongrie, il ne parlait pas très bien français. Au début, on s'est retrouvé sur autre chose que la musique, que le jazz, on discutait, on parlait de Bartok.
Le groupe a vraiment un son de gens qui jouent ensemble, un son d'orchestre identifiable sur une musique pas facile. L'écriture est d'ailleurs difficile, ambitieuse et difficile, avec un certain côté pop. Ce qui fait que les concerts se passent souvent très bien parce qu'il y a un recul, un second degré. Le fait qu'un groupe tienne, c'est souvent parce que chaque élément, apporte sa pierre à l'édifice. C'est avant tout un collectif, ce n’était pas une bonne idée de l'appeler Moniomania, on devait choisir un nom de groupe en vitesse avant un concert. Aujourd'hui, il a un peu moins lieu d'être. Peut-être va-t-on l'appeler « Princesse fragile ». Aujourd'hui, chacun apporte
ses idées, beaucoup plus qu'au moment de la création, par exemple Emil avec ses sons, ses samples, ses séquences de synthétiseur, d'ordinateur. Nous nous trouvons hors des cadres d'un circuit officiel et traditionnel, hors clivages stylistiques. Les cathédrales esthétiques, les noms que l'on met sur les gens et sur les choses coupent les ponts possibles entre les uns et les autres.
« Princesse fragile »
Notre dernière production, " Princesse fragile », est un disque un peu cinématographique dans le sens où ce n'est ni la représentation de trois jours en studio ni la photographie d'un concert. On a essayé de trouver de l'objectif en étant le plus subjectif possible et partial en prenant des bouts de concert, en faisant des montages.

Décalage oreille
Dans les petits textes de la pochette du disque, je parle de décalage oreille parce que c'est pétri de références et d'hommages qui ne sont pas toujours formulés. On doit pouvoir les saisir au bout de plusieurs lectures, de plusieurs écoutes.
On est fait de ce qu'on a mangé. Aujourd'hui, faire de la musique dite de création, de composition, cela me paraît personnellement déplacé. J'amène un bout de papier, il Sun Ra, il sonnera différemment joué par les mêmes musiciens, aujourd'hui, à midi et à quatorze heures. Il y aura peut-être un contresens dans l'interprétation du petit bout d'ceuvre. Je ne me sens pas assez compositeur au sens premier du terme. C'est aussi pour cela qu'il y a beaucoup de morceaux cosignés, beaucoup de références culturelles dans tous ces morceaux. S'y trouvent celles qui ont jalonné nos parcours, le mien comme celui des membres du groupe, le batteur Denis Charolles, le pianiste Emil Spanyi, le violoncelliste Atsushi Sakaï, le guitariste Manu Codjia et les trombonistes Gueorgui Komazov et Daniel Zimmermann. Ces références culturelles, ces musiques sont multiples. Il y a, j'espère, un fil très fin, invisible à l'ceil nu, c'est une espèce de « slavitude », une couleur de l'Est, pas balkanique, plus loin, plus à l'Est. Dans ce qui est rythmique, il y a pas mal de choses mineures, pas dans le sens mineur de fond, mais dans le sens des chansons slaves. Il y a un travail sur le rythme, il y a un seul morceau qui est à quatre temps, tout le reste est sur des mesures plus ou moins impaires. Ma mère est originaire d'Ukraine, Emil est de Budapest, Gueorgui de Sofia. Si on a un axe géographique, on est à l'Est, ce qui permet de ne pas être trop à l'Ouest. . . Autre référence: le reggae, car le troisième titre du disque, « Desafinado », de Tom Jobim est traité un peu façon reggae. J'ai fait beaucoup de reggae avant même de creuser les musiques improvisées, plus improbables. Autre référence, enfin: le rock avec Frank Zappa, Captain Beefheart et peut-être Led Zeppelin.

Ornette Coleman, Tom Jobim, Louis Amstrong, Lester Bowie &Archie Shepp
Du côté des références jazz, il y a un hommage à Ornette dans le disque, « Scandale/(S) Omette ». Omette a été mon mentor, mon père musical pendant très longtemps. Il y a évidemment le saxophone alto, le son, le message quasi uniquement pacifiste de sa musique; c'est une musique de paix intense. J'ai d'ailleurs du mal à retrouver ça ailleurs, parfois dans les ragas de la musique indienne. Il y a chez Omette ce paradoxe de l'instrument transpositeur. Tant bien que mal, j'adapte mon oreille. J'ai arrêté le soprano parce que c'était en si bémol. Omette a trouvé une réponse toute simple et assez naïve : un do est un do, si cela peut être do, c'est que cela va peut-être avec le do d'un autre instrument même si cela n'est pas la même fréquence à l'oreille. Du coup, il y a une dua-lité, un paradoxe : on se trouve à jouer les « mêmes notes », mais des choses absolument parallèles, absolument différentes et pleines de dissonances. Dans son disque « Tone dialing », un guitariste jouait le premier Prélude de Bach comme une espèce d'examen de fin d'année de l'école de musique de Plougastel, c'est rigolo. Et l'orchestre joue à côté quelque chose d'absolument parallèle. C'est une question de culture, d'écoute, cela ne m'a pas choqué, au contraire, j'ai trouvé là certaines réponses à la question « Pourquoi suis-je obligé de faire une autre note pour aller avec l'autre note du piano ? ». Sur ce titre du disque, « Scandale/(S) Ornette », le terreau de base, c'est un duo piano-saxophone. On entend le violoncelle derrière qui n'est pas du tout avec nous, qui est dans ce même rapport, qui joue en fait la Sonate d'Henri Dutilleux. C'est donc vraiment un hommage direct.à Omette, en référence directe à« Tone dialing », avec le Prélude de Bach. Il y a aussi un hommage à Louis Armstrong et à Kid Ory, « La promenade du rat musqué ». C'est un morceau où il y a dix trombones qui jouent en même temps, on joue tous du trombone. C'est une espèce d'hommage détourné aux improvisations collectives du New Orleans, des marching bands. Autre référence, celle à
Tom Jobim avec une interprétation de « Desafinado ». J'ai rarement entendu autant de mélodies aussi belles que celles de Jobim, c'est magnifique. Il y a son disque avec Stan Getz qui est fantastique, vraiment merveilleux. Il y a la recherche d'une adaptation de quelque chose de presque sacré parce qu'on le rend sacré, mais, finalement, c'est aussi un territoire à creuser.

Avec la Compagnie des musiques à ouïr, nous avions repris « The girl from Ipanema ». Je pense à Lester Bowie qui a repris du Michael Jackson, mais aussi à Archie Shepp qui, dans « Fire Music », adonné une version absolument incroyable de « The girl from Ipanema ».
Les références se trouvent là, plutôt que du côté de Sun Ra qui, malgré tout, est un orchestre cecuménique. Les références se trouvent plus du côté de Lester Bowie ou d'Archie Shepp, dans leur façon de se réapproprier une culture tout en la faisant sienne: recréer une tradition du jazz qui a été depuis le début en passant par le bebop, l'adaptation de ce qui se trouvait autour de soi. C'est se servir de quelque chose un petit peu limité artistiquement ou esthétiquement autour de soi et de le creuser, de le façonner, d'en faire un travail qui ne fait pas seulement référence à la musique, mais aussi à la sculpture, à la peinture. C'est aussi visuel qu'auditif. Le rendu est un morceau de musique, mais son façonnage n'est pas seulement musical, architectural peut-être. »

Propos recueillis par Franck Médioni

Disque « Princesse fragile » de Moniomania
(Quoi de Neuf Docteur / Night & Day).

Enfant terrible du jazz français, Christophe Monniot est un électron libre survolté.
Révélé par Daniel Humair, ce surdoué du saxophone s’est déjà illustré dans la Campagnie des Musiques à Ouïr, un trio monumental qui allie virtuosité, ingéniosité et pure déconne.
Cette fois, Christophe Monniot, a réuni autour de lui une formation originale : un milk-shake de six personnalités aux cultures différentes (parmi lesquelles on retrouve Denis Charolles, le batteur fou de la Campagnie) qui mélange les rythmes et malaxe les sons jusqu’à trouver l’alchimie parfaite, mais fragile, sur le fil de l’improvisation.
Les sax syncopés se télescopent avec des guitares fracassantes sur des boucles techno. Par moment surréaliste, le groupe virevolte d’un bout à l’autre du monde de la musique pour en extraire le meilleur.
Moniomania est donc un sextette funambule au jazz, non conventionnel mais haut en couleurs, comme en témoignent les 12 morceaux présents sur l’album, enregistrés live ou en studio.
Témoignages d’une musique vivante où l’improvisation et invention riment avec ébullition, Princesse Fragile est un Objet Musical Non Identifié. Comme dans les films de Cronenberg, on est pas certain de tout comprendre mais on adore d’emblée…et on se le repasse sans fin. Jouissif.

Auteur : Eric Nahon < eric.nahon@paunet.net >

Citizenjazz novembre 2002

De tous les jeunes musiciens issus de la classe de jazz du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, Christophe Monniot est probablement celui qui s’est fait le plus remarquer, autant par sa dégaine improbable que par son jeu libre et lyrique. De la Campagnie des musiques à ouïr, auprès d’Humair, Lubat ou Caratini jusqu’à cet explosif sextette, il revendique haut et fort son décalage oreille, une volonté qui anime autant les brillants membres de ce groupe que leurs confrères (Spice Bones, Sacre du Tympan…), plus soucieux de briser les cadres trop rigides que d’être académique. Il y a donc bel et bien une « génération conservatoire » et cela fait plaisir. Ici le passage sur disque est vraiment réussi, ce n’est pas toujours le cas pour une musique qui se donne autant à voir qu’à entendre (et qui serait pour paraphraser Lubat, mal-en-disque). Monniot s’est même beaucoup amusé avec l’objet CD, on y découvre en tendant l’oreille des pièges sonores, du collage, et même un sample d’André Francis qui désannonce Zappa et Sun Ra (tiens, tiens). Entourant les morceaux qui croisent reggae, rock : Yes Igor (Stravinsky ? Ca doit sacrément le remuer !), twist, funk ; une esquisse japonaise, une miniature électronique ou un hommage à Ornette. D’où un tableau délicieusement hétérogène auquel les instrumentistes apportent toute leur sève. De Monniot on a l’étendue d’un réel talent de soliste, par exemple au sopranino pour un chorus d’anthologie sur Desafinado. La folie du régional de l’étape Denis Charolles bouleverse les équilibres et on pourra surprendre ici et là quelques cris ou scats trafiqués. Manu Codjia, dont « tout le monde parle » fait valoir sa verve qui ne renie en rien les guitar heroes des années 80 et les internationaux Emil Spanyi (Hongrie), Atshushi Sakai (Japon), Georgui Kornazov (Bulgarie) apportent une sensibilité autre due à leur culture nationale, et pour les deux premiers à la musique classique. Enfin après en avoir pris plein les oreilles et, pourquoi pas, vous être furieusement déhanchés, la belle mélodie qui clos le disque aura même de quoi vous tirer quelques larmes. Un objet très attachant pour poursuivre l’ivresse du concert.

Charles de Saint-André